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Cotton, maître des requêtes, et président au grand conseil. Pierre de L'Estoile, qui étoit le seul fils qu'elle eût eu de son premier mariage, naquit un an avant la mort de François i, en 1546. Son père, sous les yeux duquel il étoit élevé, sentant sa fin approcher, le fit venir avec son précepteur, auquel il parla en ces termes : « Maitre Matthieu, mon ami, je vous recom-« mande mon fils que voilà ; je Ie dépose en vos mains ' « comme le plus précieux gage que Dieu m'a donné. « Je vous prie surtout de l'instruire en la piété et « crainte de Dieu; et pour Ie regard de Ia religion « (connoissant bien ledit maître Matthieu), je ne veux « pas que vous me l'ostiez de ceste Eglise ; mais aussi « ne veux-j e pas que vous le nourrissiez aux abus et « superstitions ^d'icelle. » Nous croyons inutile de faire observer que, par les mots abus et superstitions, il désignoit les pratiques de l'Eglise romaine. Ces der­nières paroles d'un re mourant ne frappèrent mal­heureusement que trop l'imagination du jeune de L'Es­toile, qui étoit alors dans sa douzième année; il ne les oublia jamais ; et à l'âge de soixante-cinq ans il les rapporte dans son Journal, comme lui ayant servi de règle en matière de religion pendant toute sa vie.
Lorsqu'il eut terminé ses premières études, on l'en­voya à l'université de Bourges, oii il eut pour précep­teur et conducteur le savant Arbuthnot, qui avoit alors vingt-sept ans, et qui, quelques années après, abjura la religion catholique (-). Le précepteur dut nécessai-
(') Alexandre Arbuthnot, né en Ecosse. Il avoit étudié le droit à Bourges sous Cujas. Il joignoit beaucoup d'amabilité à une vaste érudition. Après avoir embrassé la religion protestante, il joua un grand role dans Ies querelles de religion que cette secte fomenta en
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